La lutte contre le trafic de peaux de léopard dans le Sénégal Oriental se poursuit. Après une arrestation il y a peine 10 jours à Tambacounda pour une lionne qui aurait été tuée en périphérie du parc et où les auteurs avaient été interpellés avec des armes de guerre et munitions, c’est le tour de Kédougou où le jeudi 17 novembre 2022, une opération mixte menée par la Direction des Parcs Nationaux et les éléments de la Brigade de Recherche du Commissariat central de Police de Kédougou avec l’appui du Projet Eagle-Sénégal a conduit à l’interpellation de deux présumés trafiquants de faune concomitamment à Kédougou et Moussala dans le sud-est du pays. Le premier présumé trafiquant a été arrêté sur place à Kédougou en flagrant délit de détention, circulation et tentative de commercialisation d’une peau de léopard, une espèce intégralement protégée par la loi n°86-04 du 24 janvier 1986 portant Code de la Chasse et de la protection de la faune au Sénégal, inscrit à l’annexe 1 de la CITES la plus restrictive en matière de commercialisation de cette espèce de grand félin.
Le Commissariat de Police de Kédougou a ensuite procédé à la frontière de Moussala, à l’arrestation d’un co-auteur de ce crime, lui aussi nigérien. Les deux présumés trafiquants ont été déférés au Tribunal de Grande Instance de Kédougou.
D’après Eagle-Senegal interrogé alors qu’une nouvelle année de lutte contre le trafic de faune s’achève au Sénégal, la zone Sud -Est du pays fait face depuis plusieurs années à un important trafic d’animaux sauvages en lien avec les trafics d’armes de guerre, de chasse, de munitions et de drogue. La proximité des frontières du Mali et des deux Guinées n’est pas anodine dans ce constat puisque d’après les résultats d’opérations de trafic de faune entre 2020 et 2022, il est constaté que des AK47 et munitions sont de plus en plus saisis et proviendraient du Mali et des deux Guinées. Que des bandes organisées en provenance du Mali feraient des incursions au Sénégal pour braconner rapidement et massivement notre faune sauvage afin de se procurer de la » protéine de viande » en grande quantité sans être inquiétés, grâce à la complicité de villageois sénégalais.
Toujours d’après le projet Eagle-Senegal interrogé, les liens entre le trafic de faune, les autres trafics et les activités terroristes sont un phénomène continental déjà bien reconnu. Toutefois nous notons que ces 2 dernières années dans le Sud- Sénégal le trafic d’armes de guerre, de calibre 12 et d’armes de poing ainsi que l’appartenance de certains trafiquants de faunes à des degrés différents à de possibles cellules présumées terroristes ou bandes armées rebelles s’impose de plus en plus à nous par petites touches constantes dans les résultats d’investigations et d’arrestations de trafiquants de faune. Aussi, s’il devient de plus en plus inquiétant de constater que le trafic de faune conduit à un déclin progressif et inéluctable des derniers lions et léopards d’Afrique de l’ouest et que des liens à d’autres trafics sont prouvés, il est indispensable que nos tribunaux, lorsqu’ils traitent de trafic de faune avec des saisies d’AK47 et de stocks de munitions, apportent une riposte pénale à la hauteur des enjeux sécuritaires et environnementaux en stoppant les condamnations avec du sursis pour tous les trafiquants de faune ayant été arrêtés ou déjà condamnés avec des AK47 et munitions sur eux. Il nous semble indispensable que tous les acteurs de la sécurité publique au Sénégal s’associent dans cette lutte pour la conservation des espèces sauvages et le maintien de la paix au Sénégal.